Ce 16 Mai dernier, l’annonce de la composition du nouveau gouvernement nous a appris d’une part qu’il serait totalement paritaire, et d’autre part la formation d’un Ministère du droit des femmes, mené par la porte-parole de campagne de François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem.
C’est pendant cette même campagne présidentielle, lors d’une soirée organisée le 2 mars par les associations féministes pour discuter des propositions des différents candidats, que François Hollande avait promis la création d’un tel ministère, de même que la parité au sein du gouvernement. Il y avait toutefois fait grincer quelques dents en affirmant que la parité qu’il promettait ”ne [voulait] pas dire que les responsabilités seraient les mêmes”. Beaucoup y avaient vu une annonce du classique plafond de verre que rencontrent les femmes, y compris (et peut-être même particulièrement) en politique : elles ont certes de plus en plus accès à des postes politiques, mais restent cantonnées à des postes subalternes. Par exemple, la loi sur la parité du 6 juin 2000 qui oblige les candidats au poste de conseiller régional à se présenter avec un suppléant de sexe opposé est à l’origine d’une plaisanterie répandue dans les milieux féministes :
Quel est le féminin de Président de région ? … Suppléante.
En effet, si, comme de nombreux médias l’ont souligné, la parité est rigoureusement respectée (9 femmes sur 18 ministres et 8 femmes sur 16 ministres délégués), seule Christiane Taubira hérite d’un portefeuille régalien.
Toutefois, la lois sur la parité de 2000 a été critiquée notamment parce qu’elle impose un fort renouvellement de la classe politique (si la moitié des élus doivent être des femmes, les hommes se trouvent enrôlés dans un jeu de chaises musicales pour les postes disponibles restants, dont le nombre se réduit considérablement, et brusquement), au risque de favoriser un personnel politique, forcément, moins expérimenté.
Difficile de ne pas faire le parallèle avec le débat provoqué autour du Festival de Cannes par la tribunede Virgines Despentes, Fanny Cottençon et Coline Serreau contre l’absence de réalisatrice parmi les films sélectionnés, à laquelle Sege Kahanski a répondu en affirmant que la qualité des œuvres présentées devait être la seule variable prise en compte, et qu’il fallait seulement déduire de l’absence de réalisatrice qu’il n’y en avait eu aucune de talentueuse cette année. La polémique raisonne aux Etats-Unis, où plus d’un millier de femmes ont signé la pétition… Et n’en finit pas, si l’on en juge à la réaction de Nelly Kaprélian, Anne Laffeter et Géraldine Sarratia dans les Inrocks.
Alors que certains dénoncent une obsession des féministes pour une égalité numéraire qui ne serait pas pertinente, il est délicat de s’accorder sur le degré d’exigence de parité à formuler: à partir de quelle proportion peut-on estimer que les femmes ne sont pas sous-représentées, ou plutôt, à partir de quel moment doit-on considérer que les mesures anti-discriminatoires qui ont été prises sont satisfaisantes?
En réalité, les débats autour de la valeur de la parité en politique, y compris parmi ses partisans, ne sont pas près de s’arrêter. Il faut cependant reconnaître que la composition paritaire du gouvernement a fait l’objet d’un relatif consensus.
Johanna A. – Sciences Po Strasbourg
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