Payés une fortune au point de choquer l’opinion publique, cible des polémiques sur les inégalités de salaires comme des millionnaires qui cherchent à justifier ou comparer leur situation, les footballeurs font partie des grands gagnants du système capitaliste et de la logique du marché. Pourtant le monde du football pourrait être l’exemple d’une société plus méritocratique, plus juste, voire l’aboutissement d’un idéal socialiste : la libération des travailleurs.
Un système de salariat socialiste ?
Ronaldinho, Messi, Henry ont des fortunes mirobolantes, injustifiables et beaucoup plus élevées que certains chef d’entreprises, pourtant ce sont des travailleurs. Ils sont salariés de leurs clubs respectifs et ne font donc absolument pas partie de la « bourgeoisie » au sens marxiste du terme puisque ils ne sont pas détenteurs d’un quelconque capital. Ce sont ces « ouvriers du football » qui suent à l’entrainement, courent 10 km par match, prennent des risques de blessures à chaque contact pour faire fructifier le capital détenu par leurs patrons qui eux managent, organisent le travail, gèrent les ressources humaines. Cette situation est tout à l’image d’un ouvrier. L’ouvrier et le footballeur travaillent tout les deux à une pénibilité supérieure à celle de leurs cadres et ce sont eux qui font la majeur partie du travail de l’entreprise. Quand Renault augmente sa production c’est d’abord par le coup de marteau du machiniste, quand l’OL augmente ses profits c’est d’abords par le coup de pied marquant de Gourcuff. Par condescendance la comparaison s’arrête à la vue de la fiche de paie. Les footballeurs sont pourtant une forme aboutie de salariés ayant réussi à atteindre un idéal socialiste que la lutte des classes n’a jamais réussi à atteindre : être payé selon son mérite, sa pénibilité et sa participation dans la croissance du capital et donc gagne d’avantage que leurs propres patrons !
Une école égalitaire et méritocratique ?
Ah si tout les enfants pouvaient entrer dans le système scolaire avec les mêmes chances de réussite indépendamment de leur milieu sociaux. Idéal jamais atteint, l’égalité des chances est empêché par l’existence de capital culturel, social et économique de telle sorte que les meilleurs élèves dans l’absolu ne peuvent atteindre les CSP les plus hautes. L’ « école du football » est un exemple d’école égalitaire et méritocratique. Pas de pistons possibles, pas de bagages familiaux. Les enfants partent tous du même point de départ : sur le terrain avec un ballon entre les pieds face auquel le milieu social ne peut intervenir ; les meilleurs intègrent ensuite des centres de formation, les autres passent à la trappe. L’idéal égalitaire est donc respecté. Oui mais les capacités physiques des enfants ne sont pas toutes égales me direz vous. C’est là où intervient la méritocratie. Certes certains enfants sont plus talentueux de naissance mais l’aspect technique du sport et l’exigence des centres de formation permettent au travail et à la persévérance de payer de telle sorte que l’enfant surdoué ne travaillant pas les gestes technique et ne se restreignant pas aux règles des centres sera évacué du système au profit d’un élève plus méritant.
De la retraite au travail humain
La retraite est le dernier point qui fait du monde du football une forme aboutie de société socialiste. Eprouvant physiquement les footballeurs prennent leur retraite sportive très tôt. Deux conséquences en découlent. De l’une cela permet une circulation importante sur le marché du travail. Ainsi les jeunes sont intégrés sans attentes et sans période de chômage après leur formation car il y a un fort besoin de main d’œuvre, de plus ce besoin de main d’œuvre du à la faible densité des joueurs de très haut niveau et à ses retraites anticipées permet aux footballeurs une pression sur leur patronnant bénéfiques pour leurs salaires. De l’autre la retraite tôt permet la réalisation de l’homme par son travail. En effet libérés de contraintes économique et en forme les footballeurs retraités peuvent se consacrer à leur épanouissement personnel, à ce qui est appelé le « travail humain » c’est-à-dire un travail non aliénant.
Rêvons, un peu plus de taxation pour modérer ses salaires, de moralité des comportements , de conscience de classe ouvrière et les critiques sur les footballeurs pourraient cesser et le monde du football devenir un véritable idéal.
Romain Fischer – Sciences Po Aix
Cette « méritocratie », ici appelée, n’est-elle pas par essence libérale, dans le sens où l’individu est mis en exergue et non pas le collectif ? Chez Marx, l’émancipation vient bien du collectif et non de la multiplication de quelques individus.